Et si on allait chercher des météorites à Chamblanc ?

[Eric Chariot]

C'est toujours comme ça que ça se passe. La curiosité est une pêcheuse, (une pécheresse ?) qui arrive toujours à me prendre à l'hameçon, me piège et ne me lâche plus.
Tout commence par une divagation, à chercher des renseignements, dans le(s) vague(s), pour le boulot, sur le site de l'académie des sciences, arts et Belles Lettres, et j'ai été attiré par ce lien (l'appât, celui qui nous attire dans la zone de danger) qui donne les Mémoires de l'Académie en numérique. http://societes-savantes.crl-bourgogne. ... dijon.html
Je me dis évidemment que ça peut nous servir pour investigations.
Et puis machinalement, innocemment même, je clique sur le 1er tome des Mémoires de l'académie. Je me dis qu'on l'a déjà croisé, on y parle de l'Histoire de l'Académie, avec Fabarel. Et puis là, l'erreur fatale... Je lis le sommaire...
NE JAMAIS LIRE LE SOMMAIRE !!! C'est le petit vertiot appétissant accroché à l'hameçon... qui s'agite devant vous comme une muleta devant un poisson taureau.
Un titre m'arrête : "Histoire d'un météore igné observé en cette province la nuit du 11 au 12 novembre 1761".
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k121851h/f56.image
(me demande si on l'avait pas déjà vu quand Olivier nous a montré ce n° des mémoires)
Bon je me dis, ils ont vu une grosse étoile filante, et ils en font tout un rapport, c'est rigolo. Surtout que c'est le premier n° ils ne savaient peut être pas trop quoi mettre...

Je lis quelques lignes, suis un peu surpris que le machin ait été vu aussi à Nancy ou Valenciennes, et surtout qu'on ait entendu une déflagration qui a réveillé les gens, dans un éclat soudain proche de la Pleine Lune ! Sans le savoir je suis déjà ferré à la ligne de ma curiosité. Je poursuis donc, suivant le fil du n
récit, de ligne en ligne, jusqu'à ce que faire la fin, on annonce un témoignage d'un fermier de Chamblanc (en Côte d'Or) qui a vu la boule de feu tomber sur sa grange et l'incendier !!!!

Diantre ! Y a comme une graine de Tcheliabinsk là dedans ! Le bestiau devait faire au moins 1m de diamètre pour atteindre le sol sans être totalement consommé ! Une petite bille de 2/3 tonnes quoi !
Du coup je me renseigne ! ça me parait pas si courant quand même ! On en parle ailleurs ? Je tombe sur Arago, dans son Astronomie populaire, qui consigne l’événement dans son chapitre sur les accidents causés par les étoiles filantes ! http://fr.wikisource.org/wiki/Astronomi ... o)/XXVI/04
Il est recité aussi par Amédée Guillemin, astronome bourguignon, dans un ouvrage sur les étoiles filantes.
http://passerellesdutemps.free.fr/editi ... lantes.pdf
En regardant bien, il recense à peu près une dizaine de ces accidents dans toute l'histoire du Monde et à toutes les époques (dont un événement biblique, qui n'est pas à proprement parler un témoignage très objectif ) Mieux ! Dans cette dizaine d'évènements, il s'attarde longuement sur un autre cas, qui s'est produit à Chaux, à côté de Chalon !!! Et de 2 pour la Bourgogne !
Là ça devient de la folie, surtout que dans le texte de l'Académie, on se rappelle aussi qu'un phénomène identique s'est produit du côté de St Usage quelques années plus tôt ! Et de 3 !

Quand je vous dis qu'il fallait une rubrique "évènements" dans notre groupe investigations !! Voilà déjà une pêche miraculeuse de 3 évènements !!!

Bon là, j'aurais pu aller me coucher, ou reprendre le cours normal de mes activités... Mais voilà... Influence de FRIPON, tout ça. Je me dis... Y a des cailloux en flamme qui sont tombés dans ces endroits. Et si on essayait de les retrouver ??? ça nous ferait un sacré joli petit entrainement pour FRIPON...

Alors voilà la question qui mérite d'être creusée :
- Sur ces événements, peut-on récolter tous les indices qui permettent d'évaluer au mieux la trajectoire, et connaissant le point de chute, tenter d'établir une ellipse d'impact où on pourrait aller prospecter ??
- L'équipe de FRIPON peut-elle nous aider à cela ???

Et puis... Un petit indice qui achève de me faire tomber dans le tourbillon des questions.
Arago note subrepticement, que deux des événements qu'il cite, celui de Chamblanc et un autre dans l'Ain, ont eu lieu vers la mi-novembre. Il pense que cela pourrait être dû aux Léonides ! Bon, perso je ne suis pas sûr qu'ils aient la même origine car leurs trajectoires sont tout à fait opposées...
Par contre, dans le copte-rendu de l'Académie, on note un phénomène surprenant : la déflagration a été entendue très fort à Dijon et Seurre, moins fort à Senlis et Valenciennes, et pas du tour à Auxerre et Nancy, qui sont pourtant plus près !! L'auteur suppose alors qu'il y ait pu y avoir plusieurs météores ...
Et là, divaguant encore dans l'ouvrage d'Arago, que vois-je ? Dans sa liste où il consigne tous les bolides, il note qu'un d'entre eux a été vu le 12 novembre 1761 en Angleterre, accompagné d'une forte détonation !! Sur une trajectoire semblable, du NO au SE.

Alors là je dis : et si c'était bien des Léonides, mais des balaises, genre des morceaux de la comète 55P (responsable des Léonides), qui se seraient détachés lors d'une fragmentation, et auraient touché la Terre en rafale, genre Shoemaker-Lévy sur Jupi en 94 (mais en moins puissant évidemment ) ?

Ce serait pas beau ça ?
Bon ben voilà encore un sujet pour notre groupe
z'en dites quoi ?

PS :
- Arago consigne un autre bolide en Angleterre le 3 novembre... quelques jours avant, Léonides aussi ?
- le texte de l'Académie nous permet d'ajouter 2 astronomes bourguignons à la liste : Mr Michault, auteur du texte sur le météore, et Legouz, qui signe un autre texte sur "Les Causes Physiques du Déluge", en en donnant une interprétation astronomique. C'est assez rigolo, faudra qu'on lise ça

[Vincent Boudon]

Miam !

Tu devrait envoyer tout ça à Sylvain Bouley pour avoir son avis

[Eric Chariot]

Oui j'y ai pensé. Faut qu'on fasse ça
Mais faut que je résume un peu peut-être. Ce que je pensais faire avec le groupe, c'est extraire des textes ce que l'on sait sur la trajectoire et tout pour donner le maximum d'infos utiles. On fait ça où je lui demande déjà un premier avis ?

[Vincent Boudon]

Peut-être déjà un petit mot pour avoir son avis, et puis nous on bosse ça en groupe

[Abderrazak Boukhris]

Intéressant, on a le nom du fermier et donc l'emplacement exact ?

[Jean-Yves Gadeceau]

Bonsoir Eric,
Même si je suis ignare es météorites, ta recherche intrigue.
Cependant, à supposer que la zone de chute soit bien cernée, entre la violence de la chute et deux siècles et demi de sédimentation, un tel météore n'est il pas enterré en 2018 ?
Cordialement.

[Eric Chariot]

Intéressant, on a le nom du fermier et donc l'emplacement exact ?

Non, justement, il faut qu'on investigue

Cependant, à supposer que la zone de chute soit bien cernée, entre la violence de la chute et deux siècles et demi de sédimentation, un tel météore n'est il pas enterré en 2018 ?

A propos de la violence de la chute, il y a deux cas.
- Soit la chute est suffisamment violente pour créer un cratère, dans ce cas, l'ensemble du corps est vaporisé au moment de l'impact et on ne retrouve rien.
- Soit la pierre a perdu suffisamment de vitesse et dans ce cas elle ne crée pas de cratère et tombe intacte au sol. Dans le cas d'un gros corps qui se fragmenterait dans l'atmosphère, les plus gros morceaux tombent le plus vite, et les plus petits sont fortement ralentis, et tombent pratiquement en feuille morte.
Pour qu'une grange brûle, il faut sans doute que ce soit un gros morceau qui arrive vite. Par contre, ça ne peut pas être sa chaleur qui ait créé l'incendie : un météoroïde est une pierre qui vient de l'espace, donc froide et même si sa surface brûle dans l'atmosphère, cela reste sur très peu de profondeur (1 mm) et même la croûte refroidit facilement.
Pour créer l'incendie il faut sans doute une étincelle crée par l'impact et de la paille qui prend autour.

Pour la sédimentation, c'est un risque effectivement, il faudra d'abord repérer la grange et voir ce que l'on a fait de cette terre depuis. Si c'est transformé en champ cultivé, ça va être sport

[Abderrazak Boukhris]

De ce que je retiens de spécialistes de la question, il y a une grande variété de cas d'impacts. Tout dépend de la structure du sol, de celle de la météorite et de la vitesse au moment du choc.

Autour du cratère de Barringer des blocs de fers de la météorite ont été retrouvés :

[Eric Chariot]

J'en ai parlé à Brigitte Zanda. Autour du Meteor Crater on pense que les metéorites qui ont été retrouvées sont des morceaux qui se sont détachés avant l'impact. Le corps principal, qui ralentit peu et qui conserve beaucoup d'énergie cinétique, aurait donc été entièrement vaporisé et les morceaux détachés auraient été ralentis et seraient tombés au sol avec moins d'énergie cinétique.

[Abderrazak Boukhris]

C'est un morceau de 650 kg, il doit pas arriver sur Terre comme une plume.