Intervallomètre Help

[Bruno Errakhli]

Amis imageurs bonsoir,

Pourquoi faut-il que l'intervalle soit supérieur au temps de pose ? Je n'arrive pas à le comprendre.

Exemple : Je programme 50 poses en mode longue exposition de 120 sec chacune, pourquoi l'intervalle doit-il être de 121 sec minimum ? Je comprends qu'il faille rajouter quelques 2 à 5 sec supplémentaires pour permettre le transfert des images vers la carte SD ou bien le disque dur du PC mais à quoi finalement sert cet intervalle si long ? Et puisque j'y suis avec mes questions à 2 balles à quoi sert le timer (retardateur) de l'intervallomètre ?

Merci pour vos réponses

Bruno

[Roger Pieri]

Salut Bruno,

Bien tu as répondu toi-même ! Il faut du temps pour décharger chaque image du capteur à la mémoire vive puis pour calculer la compression et le formatage du RAW et ensuite l'écrire dans la mémoire flash (carte SD). L'écriture en mémoire flash n'est pas rapide, beaucoup moins que la lecture, pour les plus rapides (très chères) on doit écrire à environ 20 MB / sec, il faut donc de l'ordre d'une seconde en RAW (L'écriture dans une flash n'est pas une opération simple du point de vue électronique). La compression et le formatage du RAW sont aussi assez laborieux. Vers l'ordinateur c'est pas beaucoup mieux on est à 480 Mb / sec en USB2 soit en pratique avec la procédure d'échange, correction d'erreurs... environ 20 MB /sec. (b=bit ; B=byte= 8 bits) Les cartes CF utilisées dans les APN haut de gamme sont plus rapides.

Les 121 secondes, normalement, incluent les 120 secondes d'exposition plus une ou quelques secondes pour l'opération ci-dessus. Dans les Utilities Canon la terminologie n'est effectivement pas bien claire, mais c'est bien comme ça que ça fonctionne.

Retardateur: Bien en principe ça permet de définir le moment de début d'une série, en astro ça doit pas servir bien souvent ? (Comme ma terrasse bouge sous mon poids et met du temps à se restabiliser, je m'en sers pour me donner le temps de m'éloigner et aux contraintes de se calmer ! )

Bon Ciel !
Roger

[Bruno Errakhli]

Merci Roger pour tes informations !

Cependant, je lis dans la notice (Cf le site de Pierro Astro) d'utilisation d'un intervallomètre ceci :"Lorsque vous utiliser la fonction réduction du bruit disponible sur certain appareil (c'est le cas du 40D), l'intervalle doit être au moins égal au double du temps d'exposition".
Donc, si je comprends bien tout et selon l'exemple suivant je devrai programmer mon intervallomètre de la façon suivante avec réduction du bruit programmée :

Retardateur : 2 à 5 sec
Temps d'expo : 120 sec
Intervalle + transfert carte SD ou HD : 240 sec + 5 sec

Soit un total 370 / 60 = 6.10 minutes

On voit immédiatement que pour une trentaine de poses je suis parti pour un long marathon.

Toutefois, en écrivant ces lignes, il me revient l'utilité des Dark, Offset et autres Flat. Voilà donc comment on réduit le bruit à travers le traitement ce qui de facto supprime l'utilité de la fonction "réduction du bruit" sur l'APN et donc divise par deux l'intervalle.

Est-ce que mon raisonnement est logique ?

Merci de ta réponse.

Bruno

[Roger Pieri]

Tout à fait logique Bruno !

Il s'agit dans ce cas de la fonction "réduction du bruit longue pose" des APNs qui est tout simplement une procédure de "dark" qui prend une image obturateur fermé après chaque image et ensuite l'en soustrait. Normalement on ne l'utilise pas en astro.
- L'avantage est que ce "dark" est pris exactement dans les conditions de l'image utile, en particulier à la même température du capteur. Les "impulsions" de courants d'obscurité qu'on élimine de cette manière ont la même amplitude dans les deux images.
- L'inconvénient est qu'on ajoute 40% des autres bruits (eux 100% aléatoires) dans l'image utile. Et comme tu le dis le temps total sous le ciel est doublé.

Avec la procédure habituelle "astro/APN", les températures moyennes ne sont pas parfaitement identiques (série de "dark" en une ou deux fois, 10 à 20, 50% avant, 50% après la série d'images du ciel, +/- à la même température, ISO=, exposition=). Donc l'élimination des impulsions de courant d'obscurité n'est pas aussi parfaite. En revanche on ajoute moins de bruit aléatoire aux images (mais ça dépend des conditions de prise de vue)

Une troisième possibilité est d'utiliser la classique technique "scale master dark" (utilisée avec des cameras CCD astro haut de gamme ou pro). Elle est réputée inutilisable avec les "pauvres" APNs, et... c'est faux ! Elle marche parfaitement comme je l'ai démontré récemment à mes collègues de l'AAVSO. Avec les capteurs CMOS actuels elle donne même des résultats remarquables. Dans ce cas on utilise un "master dark" poussé, réalisé quand on veut. Il est utilisable pour de nombreuses observations, ceci tant que le capteur ne vieillit pas trop. Le "master dark" est remis "à l' échelle" des impulsions au moment du traitement (par une méthode de convolution). Le résultat est bien plus précis que les autres méthodes et on ne perd pas de temps d'observation.

Il existe d'autres réductions de bruit dans la plupart des APN, comme "réduction de bruit haut ISO", c'est dans ce cas un filtrage qui réduit aussi la réponse aux détails de l'image. A ne jamais utiliser en astro.

J'ai récemment préparé un chapitre d'un futur manuel APN / AAVSO sur ce sujet. Si certains sont intéressés j'en ferai une version SAB, en Français, avec plus de détails sur la technique "scale master dark" (les AAVSO guys sont très tradition-tradition, et ils n'ont pas voulu que j'insiste !).

Bon Ciel !
Roger

[Dom...]

Oui, Roger, bien sur que nous sommes preneurs !